Thérèse Bisch « commentée » en 2003 par Claude Duneton (1935-2012)
Thérèse Bisch possède une particularité amusante : elle peint des autoportraits qui ne lui ressemblent pas ! Du moins, ils ne lui ressemblent pas dans le trait pour trait- on ne peut pas dire en voyant les images : tiens ! voilà du Thérèse Bisch…. Et pourtant, ce sont de vraies évocations d’elle-même qu’elle peint. Elle fait passer dans les figurations fluctuées de cette femme qu’elle malaxe –toujours la même femme- qu’elle expose, triture, remodèle comme un poisson dans l’eau, des projections de son intérieur. Je ne dis pas de « son monde intérieur », non, de son intérieur de chair, viscéral et privé. Ce sont des figures de soi qu’elle étale sur la toile, comme des giclées d’elle-même, légères, vives, colorées, passionnées, ce qu’est Thérèse Bisch au naturel.
L’auto-modèle est un miroir en émoi –elle transmet à l’image, formes et couleurs comprises, ce quelque chose d’explosé qui pétille en elle- j’hésite : en feu de joie ou feu follet ?.. Je devrais écrire quelque chose d’éclatant en même temps qu’éclaté. Disons que Thérèse Bisch dessine sa danse intime : elle est un « roseau peignant », fluttering in the breeze, comme une jonquille. Au printemps.
Claude D. Paris 2003