>Thérèse Bisch. Artiste peintre. Paris.

Pensées de Guillaume de Fonclare. 2013

Thérèse Bisch est une tempête jamais assagie. L’expérience et le temps lui ont appris à maîtriser tumulte et débordements, mais elle ne connaît pas le calme plat. Elle a des emportements citoyens, des colères nées de l’injustice ou le mal que l’on fait aux plus humbles ou aux plus faibles ; elle n’a pas de ces bourrasques égotiques qui chez d’autres heurtent et font mal, dans le mépris de l’autre et de sa sensibilité. Si elle s’enflamme, elle n’a pas la colère explosive ; c’est une battante, pas une guerrière, et elle est toute en fragilité.
Ceux qu’elle peint n’ont pas de visage, sans qu’ils soient anonymes pour autant, et lorsque sur ses toiles, les corps se confondent, ils ne se fondent pas. L’intelligibilité immédiate de sa peinture, cette facilité apparente à comprendre et à appréhender n’est pas de la superficialité, et le brouillard coloré qui nimbe les silhouettes est un vague à l’âme apposé en aplats résolus et déterminés. Il y a Hans et Pierre bien sûr, mais il y a aussi tous les autres, tous ces guerriers qui, de siècle en siècle, civils déguisés en militaires, contraints ou consentants, n’en finissent plus de vouloir s’exterminer de batailles en escarmouches, et qui demeurent par-dessus tous et malheureusement, intensément humains.

Dans la Somme, 2013